Le monde est plus beau quand il est solidaire

 

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Depuis des années, l’individualisme et le libéralisme règnent sans partage sur l’économie française et mondiale, et de plus en plus dans nos propres têtes. On avait fini par y croire : il faut être forts, entreprenants, prendre des risques, innover, se libérer des contraintes qui nous entravent, faire confiance au marché, à la mondialisation, etc. Les héros modernes se nomment traders, financiers, commerçants, start-up, cadres internationaux, etc. Aux oubliettes de l’histoire : les socialistes, communistes, syndicalistes, ainsi que leur versant plus modernes, écologistes, féministes, etc., voire même les caritatifs.

Et puis qu’avons-nous vu ? Ces soi-disant héros si compétents nous ont menés à la ruine et à la faillite, tout en s’en mettant plein les poches de façon particulièrement cynique et scandaleuse. Pour survivre, leurs représentants ont joué la division, l’affrontement, le communautarisme. C’était chacun contre tous, chaque petit groupe contre tous les autres, chaque communauté luttant pour elle-même, la disparition du « bien commun », le « clivage » élevé en stratégie. L’autre nous menaçait, paraît-il, l’immigré, le chômeur, le noir, le beur, le pauvre, le rom, le banlieusard, l’ouvrier, le paysan, le retraité, l’homosexuel, le musulman, l’agnostique, mais aussi le riche, le catho, ou alors le grec, l’espagnol, l’européen d’une manière générale, l’arabe, l’africain (liste non limitative) !

Aux élections, tant en France qu’aux USA, ces antagonismes ont été carrément exacerbés par des apprentis sorciers…

Et puis finalement des dirigeants plus consensuels, plus soucieux d’union, sont quand même sortis des urnes… Quelle baisse de stress collectif ! Avant que les critiques ne repartent de plus belle sur leur incompétence présumée !

Et puis finalement l’Europe a eu le prix Nobel de la paix. Quand même, quelle victoire de ne plus s’y faire la guerre depuis 67 ans !

Dans la difficulté, les « vieilles » valeurs de solidarité réapparaissent au milieu de la cacophonie. C’est vrai, finalement, le monde est quand même plus beau et plus durable quand il est solidaire. L’Europe est plus belle unie, et avec la Grèce, la France avec sa population diverse, blancs, blacks, beurs et jaunes, homos et hétéros, hommes et femmes, jeunes et vieux, etc., les USA avec les blancs, les noirs et les latinos, le Moyen Orient avec Israël et la Palestine…

Mon vœu pour 2013 : au milieu de tous ces nuages qui s’amoncellent, que chacun d’entre nous fasse avancer un peu de solidarité, en actes.

Article écrit pour le N° de janvier de la revue Racines : www.magazine-racines.fr

A propos BrunoParmentier

Bruno Parmentier : Consultant et conférencier sur les questions d’agriculture, alimentation, faim dans le monde et développement durable. Président ou administrateur d’ONG et de fondations. J'ai dirigé de 2002 à 2011 le Groupe ESA (École supérieure d'agricultures d'Angers). Ingénieur des mines et économiste, j'avais auparavant consacré l'essentiel de mon activité à la presse et à l'édition. J'ai eu ainsi l'occasion de découvrir à l'âge mûr et depuis un poste d'observation privilégié les enjeux de l'agriculture et de l'alimentation, en France et dans le monde. Il en est sorti quatre livres de synthèse, un sur l'agriculture, l'alimentation, la faim et le réchauffement climatique. Des livres un peu décalés, qui veulent « sortir le nez du guidon » pour aller aux enjeux essentiels, et volontairement écrits avec des mots simples, non techniques, pour être lisibles par des « honnêtes citoyens ». Ce blog prolonge ces travaux et cette volonté d'échange. Il est également illustré par une chaine YouTube http://nourrir-manger.com/video
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4 réponses à Le monde est plus beau quand il est solidaire

  1. DOTHEE dit :

    et si Rifkin avait raison et nos civiliations tendaient à plus d’empathie ? (lien vers un commentaire de son livre sur le sujet : http://dothee.unblog.fr/2012/09/16/une-nouvelle-conscience-pour-un-monde-en-crise-vers-une-civilisation-de-l%e2%80%99empathie/)

    En tout cas je veux y croire et agir dans cette folle perspective.

    Bonne année Mr Parmentier

  2. Bruno Parmentier dit :

    Comme vous j’apprécie beaucoup l’agilité intellectuelle de Jérémy Rifkin, que j’ai connu quand j’étais son éditeur aux Editions La découverte (en particulier La fin du travail, et surtout Le siècle biotech, qui a décidé de ma vocation pour le vivant et l’agriculture, mais aussi L’âge de l’accès).
    Ses derniers livres, pour moi, en font un peu « trop », mais restent chacun de vraies stimulations intellectuelles.
    Et d’accord pour favoriser la montée de l’empathie !

  3. Samson dit :

    Vous allez un peu vite à dire que l’Europe n’a plus de guerre depuis 67 ans. D’abord, dans l’ex-Yougoslavie nous avons assisté à des guerres entre factions, puis l’Otan a bombardé la Serbie en détruisant peu de chars mais beaucoup de ponts et d’usines (eau, électricité). Enfin, de l’Europe sont partis nombre de soldats et bombardiers sur l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, sans oublier notre guerre d’Indochine (dès 1945) et d’Algérie (dès 1954). Je m’étonne, vous ayant vu à Angers ce 19 février, que celà ait échappé à votre esprit vif et géoplitique.

  4. Bruno Parmentier dit :

    Vous avez raison pour l’ex Yougoslavie. Mais il n’en reste pas moins que, bien qu’ils nous énervent souvent l’un et l’autre, nous n’envisageons plus de faire la guerre aux anglais ou aux allemands, ce qui avait pourtant beaucoup occupé nos ancêtres. J’ai d’ailleurs, comme beaucoup, une belle-fille allemande, ce qui aurait été très difficile il y a seulement 50 ans !
    Et quant aux guerres coloniales, elles sont fort regrettables, et déshonorantes, mais ne concernent pas ma phrase « Et puis finalement l’Europe a eu le prix Nobel de la paix. Quand même, quelle victoire de ne plus s’y faire la guerre depuis 67 ans ! ».

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