Perdre 3 kilos avant le maillot

Avec le printemps les magazines féminins (et certains masculins) nous prennent tous pour des cloches en expliquant à longueur de colonnes comment « perdre 3 kilos avant le maillot ». Les vendeurs de régimes et de poudres de perlin pinpin sont au maximum de leur saisonnalité ! C’est l’occasion de redire quelques évidences sur le sujet.

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Si 75 % des gens qui suivent un régime commencent par maigrir, 80 à 95 % d’entre eux finissent par reprendre davantage de poids qu’avant

Les régimes font grossir

Modifier son physique en profondeur est une tâche dont on sous-estime la complexité. On réajuste alors d’un seul coup toutes les étapes de son rapport à l’alimentation : le contenu et la fréquence des courses, le choix des aliments (moins de ceci, plus de cela et certains totalement nouveaux), leur préparation (mode de cuisson, type de recettes), le rythme et la structure des repas. Ce « management » de son corps se paye souvent par une grande lassitude, des déprimes et une sorte de « fatigue d’être soi ». Pour finir, quand on se restreint trop, il y a en général tôt ou tard un effet retour désastreux.

On peut ainsi créer de toutes pièces des troubles alimentaires chez des personnes qui au départ n’avaient aucun problème de surpoids : plus elles se soumettent à des restrictions, plus elles finissent par grossir. Et souvent, c’est le traitement qui cause la maladie et non l’inverse. Certains contestent même la notion d’épidémie d’obésité, en lui préférant celle d’épidémie de mise au régime.

Rien de sert de courir, il faut manger à point !

Pour éliminer un soda et ses 150 calories, il faut marcher quarante minutes ; à ce compte, mieux vaut boire de l’eau dans son fauteuil ! 360 calories d’un muffin équivalent à trente minutes de course à pied ou à une heure et quart de vélo. Ce n’est pas à proprement parler en faisant du sport qu’on maigrit, mais en adoptant une alimentation appropriée. Une barre chocolatée de moins par jour, ou deux sodas, ce sont 5 kilos de moins à la fin de l’année ! Mais il faut quand même bouger, car les muscles sont aussi des glandes qui, stimulés par l’exercice, activent tous les gènes de notre organisme.

Plus exactement la prise de poids c’est la différence entre les calories qui rentrent par notre bouche et celles qui sortent par notre activité ; il faut donc avoir la sagesse de ne manger que ce que nous sommes décidés à évacuer, et donc de réduire les quantités ingérées lorsqu’on fait moins de sport, ou passe à un emploi sédentaire ou à la retraite… Dommage c’est justement un moment où on a plus de temps pour manger !

Pour des escaliers sympathiques

Rien ni personne ne nous empêche de monter les escaliers plutôt que prendre l’ascenseur… sauf les architectes qui s’obstinent à cacher les cages d’escaliers sordides en béton brut derrière les ascenseurs design. A quand des escaliers majestueux largement ouverts devant les halls d’entrée des immeubles (comme on les construisait avant) avec des ascenseurs cachés derrière ? Monter à pied deux étages de plus par jour peut permettre de consommer jusqu’à 2,7 kg en un an. Réclamons des couloirs et escaliers bien décorés, avec des couleurs chaudes et de larges fenêtres ouvertes sur l’extérieur, voire de la musique, des tableaux ou des panneaux d’affichage, pour qu’on ait plaisir à les emprunter, avec des coins repos où l’on ait envie de se parler ! Vive les pistes cyclables, les garages à vélo omniprésents, les chemins piétonniers ! Et le chemin vers la boulangerie doit se faire évidemment… à pied !

No stress, no télé à table

La sensation physique de satiété met quinze ou vingt minutes à arriver à notre cerveau. Si on mange en moins de 20 minutes, ou en pensant à autre chose, par exemple devant la télé, ou stressé, sans mâcher ou des aliments mous, on mange trop ! Rappelons-nous donc que la moindre pizza-bière devant la télé, c’est l’obésité assurée, alors que le banquet interminable au cassoulet et vin rouge avec les copains n’a jamais fait grossir personne !

Donc c’est simple, ne jamais manger debout, ou devant la télé ! Et si possible sans lire ni écouter la radio non plus : penser à ce qu’on mange, ou en profiter pour refaire le monde avec famille et amis !

Taille des verresTaille des assiettes

Ces deux assiettes contiennent la même chose, mais ne font pas le même effet (idem pour les verres)

Petites assiettes et long verres font des gens équilibrés

Ne sous-estimons pas le pouvoir de la vue sur la prise alimentaire. La mode des grandes assiettes design et des bols immenses se révèle ainsi désastreuse car les gens se servent immanquablement des parts plus grandes ! Surtout lorsqu’ils sont colorés et que les aliments disparaissent dedans. De même pour les verres, on a toujours l’impression de moins boire dans un verre bas et large que dans un verre haut et étroit. Ne prenons donc des boissons énergisantes, sucrées ou alcoolisées que dans des verres hauts et étroits, en réservant le verre obèse pour la bonne eau ! Travaillons aussi la taille de nos plats : ne servir les biscuits apéritifs ou autres chips que dans des petits plats, sinon les rondeurs nous guettent !

Chocolats et bonbons loin de la télé

Une boite de chocolat ou de bonbons sur la table basse du salon, c’est un véritable désastre ! Un homme prudent et raisonnable met donc sa réserve dans une autre pièce, derrière une porte opaque et s’oblige ainsi à se lever et à marcher pour satisfaire son vice. Une mesure de base pour diminuer sa consommation, mais pas son plaisir car l’unique carré de chocolat ainsi mérité sera, lui, vraiment dégusté !

De même méfions-nous de nous-mêmes : plaçons nos « petits vices » tout au fond du réfrigérateur et non juste devant, où ils seront sûrs d’être empoignés en premier. Laissons donc les aliments les plus sains sur la « ligne de front », et achetons-les en quantité, et pas l’inverse !

L’allégé pousse au vice

Le light autorise les excès : puisque l’aliment est léger, on croit pouvoir en reprendre sans risque. Les produits allégés provoquent ainsi une nette augmentation de la consommation alimentaire. Quoi qu’il arrive, le corps réclame son dû. De plus, le sacrifice du light, souvent moins goûteux, engendre des frustrations et appelle la transgression. Ne pas oublier qu’une crème au chocolat light ou un yaourt allégé aux fruits restent plus caloriques qu’un yaourt nature – surtout si au passage on a augmenté la taille des pots ; que les biscuits dits « légers » sont en général plus gros que leurs prédécesseurs, ou que les thés glacés, qui se donnent des airs légers et diététiques, contiennent en moyenne douze morceaux de sucre par litre…

Il n’y a d’ailleurs pas de miracle : un produit allégé en graisse, mais qui est onctueux et goûteux, est, dans l’état actuel des techniques, plein de sucres. Et inversement : les produits moins sucrés sont souvent plus gras.

Rappelons en plus qu’un verre de vin ou de champagne contient 105 kilocalories (soit l’équivalent de 5 morceaux de sucre) et une bière ou un whisky 200, l’équivalent d’un hamburger, de 7 petits-beurre ou de 10 morceaux de sucre, et nettement plus qu’un verre de soda qui ne contient « que » 67 kilocalories. De même, un verre de jus d’orange ou de pomme « sans sucre ajouté » équivaut à un verre de soda. Boire de l’eau reste donc une valeur sûre !

 

En définitive bien manger, c’est manger juste ce dont on a besoin, tranquillement, sereinement, en mâchant et en regardant ce qu’on mange (ni radio, ni télé, ni lecture) ; en famille ou avec des amis, dans la joie et la bonne humeur ; des plats qu’on aime, avec des recettes de nos grand-mères auxquels nos gênes sont adaptés ; moins de viande et de lait, de sel, sucre et matières grasses ; davantage de fruits et légumes (de saison), de céréales, de légumineuses, de diversité… et enfin local, bio, équitable, etc., sans en faire une religion !

A propos BrunoParmentier

Bruno Parmentier : Consultant et conférencier sur les questions d’agriculture, alimentation, faim dans le monde et développement durable. Président ou administrateur d’ONG et de fondations. J'ai dirigé de 2002 à 2011 le Groupe ESA (École supérieure d'agricultures d'Angers). Ingénieur des mines et économiste, j'avais auparavant consacré l'essentiel de mon activité à la presse et à l'édition. J'ai eu ainsi l'occasion de découvrir à l'âge mûr et depuis un poste d'observation privilégié les enjeux de l'agriculture et de l'alimentation, en France et dans le monde. Il en est sorti quatre livres de synthèse, un sur l'agriculture, l'alimentation, la faim et le réchauffement climatique. Des livres un peu décalés, qui veulent « sortir le nez du guidon » pour aller aux enjeux essentiels, et volontairement écrits avec des mots simples, non techniques, pour être lisibles par des « honnêtes citoyens ». Ce blog prolonge ces travaux et cette volonté d'échange. Il est également illustré par une chaine YouTube http://nourrir-manger.com/video
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3 réponses à Perdre 3 kilos avant le maillot

  1. Bruno Parmentier dit :

    Les insectes sont décidément très à la mode ; j’ai mis plusieurs « post » sur ce blog à ce sujet. Ils représentent une alternative crédible pour manger des protéines animales sans trop piller les ressources de la planète. Quant-à savoir si, en plus, ils nous feront maigrir, faudra voir !

  2. Ping : polo pas cher

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