Il est encore possible de trouver de nouvelles voies pour nourrir lhumanité tout en sauvegardant la planète, si on y met de limagination, du professionnalisme et de lenthousiasme
Cest bien ce quont développé trois entrepreneurs que jai pu rencontrer récemment, et qui ont décidé de « mettre le soleil au travail » pour affronter de façon originale de vrais problèmes de lhumanité, se nourrir sans consommer de lénergie fossile, et même produire de lénergie.
Transformer le soleil en crevettes : MARTROP
La France importe 100 mille tonnes de crevettes tropicales pour 500 millions deuros chaque année, et notre consommation de ce produit est encore faible par rapport à dautres pays occidentaux
Et pourquoi ne pas en produire en France ? Elles ont besoin dune eau à 26°, soit, mais pas du soleil tropical en fait.
Doù lidée de créer des fermes délevage « écologiquement intensives » en Bretagne. Hors sol, pour contrôler tout le processus sans risquer de polluer le milieu marin (comme le font malheureusement aujourd’hui la plupart des élevages tropicaux), et à base dénergies renouvelables : solaire, éolienne et géothermique. On tente daboutir à une production « bio ». Des bassins sous serres ensoleillées produisent des micro-algues, qui nourrissent les jeunes crevettes (relativement faciles à obtenir car les crevettes pondent des centaines de milliers dufs !). Ensuite on élève des crevettes dans une succession de bassins maintenus à température adéquate dans des bâtiments isothermes, et le peu de chaleur nécessaire pour maintenir la température provient dénergies renouvelables. Au total cet animal à sang froid, qui ne gâche pas sa nourriture pour se chauffer lui-même, produit de la protéine animale de grande qualité avec très peu de végétaux, et des déchets de poissons (son rôle écologique est précisément de nettoyer les fonds marins). Au total, on espère une forte productivité à lhectare, avec très peu dentrants !
Y aura-t-il bientôt un label régional de crevettes bios fraiches, qui permettra de créer des emplois et des richesses avec une faible empreinte au sol, pas de production de gaz à effet de serre, peu de nuisances et une totale indépendance énergétique ? Cest ce que je leur souhaite
Transformer le soleil en combustible : ECOpuissance3
On ne cultive que 12 % des terres immergées sur Terre (1,5 millions dhectares sur 13,1) ! En France nettement plus, environ 36 %. Même si lon ajoute 26 % de pâturages, il reste quand même 62 % de la surface de la planète où lon ne produit pas de nourriture ! Avec un peu dimagination, on doit pouvoir trouver quelques hectares dans ces immenses espaces pour produire de lénergie
Cest ce que tente de faire ECOpuissance3 : trouver des terres actuellement non cultivées, difficilement cultivables, et y produire du miscanthus, plante rustique à croissance rapide, pérenne (pas de nécessité de la replanter chaque année), qui fixe du carbone par photosynthèse pour fournir à faible coût du combustible à des chaufferies industrielles ou de collectivités.
Où ça : des friches industrielles, des réserves foncières, des lieux civils ou militaires, ou touristiques où, pour différentes raison on ne souhaite pas de production agricole, etc.
Détourner de bonnes terres pour produire des biocarburants me semble très contestable du point de vie éthique ; par pitié arrêtons de construire des usines de biocarburants de première génération, à base de grains de colza, de maïs ou de blé, alors que nous manquons maintenant chroniquement de céréales et de légumineuses ! Arrêtons également de transformer des pans entiers de forêts tropicales asiatiques, réservoirs de biodiversité mondiale, en monocultures de palmier à huile
Mais en revanche pourquoi ne pas produire une partie de lénergie calorifique de nos villes sur les friches, nombreuses, environnantes ? Cest ce quexplore ECOpuissance3 à qui je souhaite bonne chance. Contact : caillet@ecopuissance3.com
Transformer le soleil en réfrigération pour la production laitière : Africasolarfood
Un bon tiers de la production agricole mondiale est ainsi purement et simplement jetée ; au nord par pure gabegie publicitaire et commerciale qui conduit à des achats en quantité excessive, associée à des normes sanitaires de plus en plus strictes. Au Sud faute dinfrastructures pour conserver les maigres récoltes : pas de silos à grains, pas de tanks à lait réfrigérés, etc. ! LAfrique en particulier, a toujours produit, au global, assez de nourritures pour tous les africains ; mais ses récoltes sont mal réparties et ses moyens de stockage et de transport très insuffisants. Or elle devra multiplier par 3 sa production agricole pour parvenir à nourrir tous ses habitants dans la première moitié de ce siècle !
Doù le projet Africasolarfood, qui fournit à des éleveurs des « tanks à lait solaire réfrigérés » pour leur permettre de stocker le lait produit, soit pour en répartir la consommation, soit pour le transformer en lait caillé, yaourt ou fromage en créant une petite laiterie locale
Ils recherchent des bonnes volontés pour des investissements peu couteux et très productifs, avis aux amateurs ! www.africasolarfood.org
Bravo au soleil, et bravo à ces entrepreneurs, et que mille autres surgissent !