Interview sur TV5 Monde le mardi 14 janvier

J’ai été, avec Pierre Rabhi, le « Grand témoin » de l’émission 64 Minutes, Le Monde en Français de la chaine francophone TV5 monde le mardi 14 janvier prochain à 18 h 30

Pour revoir l’émission (passer l’intro : l’interview, de 15 minutes, commence à la minute 2) :

On peut aussi aller sur :

http://www.agoravox.tv/actualites/societe/article/changer-l-agriculture-avec-pierre-42873

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Rendez-vous sur France culture le 8 janvier

bparmentier France CulturePour réécouter mon interview dans Les Matins de France Culture de mercredi 8 janvier 2014, sur la politique agricole et les enjeux nationaux et mondiaux  ; c’est agaçant de ne pas pouvoir extraire directement les plages concernées d’une émission qui dure 2 h 30 ; il faut aller à la minute 70 pour la première intervention (durée 16 minutes) et à la minute 112 pour la seconde (durée 19 minutes) :

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2013, l’année où le concept d’agroécologie a fait du chemin dans les têtes

Une interview en forme de bilan de l’année agricole 2013 réalisée fin décembre pour le journal « L’Avenir agricole » :

http://aveniragricole.net/011-10693–on-va-changer-de-modele.html

 

Qu’est-ce qui vous paraît le plus emblématique de 2013, en agriculture ?

La crise de l’agroalimentaire breton nous montre que l’on est en train de changer de modèle. Il est en train de se passer en Bretagne ce qui s’est passé dans le Languedoc il y a quarante ans. A l’époque, il y avait des jacqueries de vignerons à Narbonne ou Carcassonne qui voulaient continuer de produire du gros rouge en quantité. Finalement, ils ont dû s’adapter aux évolutions de la société et produire moins mais de meilleure qualité. Le poulet à bas prix est aujourd’hui à la viande ce que la production viticole du Languedoc était au vin. Ce n’est pas un hasard si le poulet fermier n’est pas en crise.

La réalité, c’est qu’au final, ni l’Europe ni le gouvernement ne peuvent empêcher les grandes évolutions sociétales. Nous mangeons deux fois plus de viande que dans les années cinquante et trois fois plus que dans les années vingt, mais les nouvelles générations en mangeront moins. Et importer du maïs et du soja d’Amérique Latine pour faire du poulet congelé à destination des pays arabes ne pouvait plus continuer…Cette crise bretonne marque le début d’une nouvelle ère. Il faut repenser l’évolution agricole de fond en comble, à commencer par l’élevage.

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En Chine, 15 kilos de viande par personnes quand ils n’étaient que 700 millions,

60 kilos maintenant qu’ils sont 1,3 milliards

Au niveau mondial, un tournant est-il en train de s’opérer ?

La lutte mondiale pour l’approvisionnement en protéines ne fait que commencer. Les Chinois mangent aujourd’hui soixante kilos de viande par an (quatre fois plus qu’il y a 40 ans), et ils sont 1,3 milliards. Au XXIème Siècle, on n’arrive pas à produire assez de céréales sur terre. Il faut l’équivalent de la superficie agricole française pour nourrir les animaux européens en soja. Ces surfaces en Argentine et au Brésil sont un peu comme des colonies européennes ! Le soja d’Argentine a pour vocation d’aller en Chine, à terme. Il faut absolument que nous produisons nous-mêmes nos protéines végétales sur le continent européen. La réforme PAC a totalement raté le coche, il aurait fallu une mobilisation générale. Nous allons connaître une flambée du prix des protéines végétales. Dire que le soja va continuer d’être à bas prix dans les vingt ans qui viennent est de la géopolitique de gamins ! C’est une idée folle ! Soit on va se mettre à genoux, soit on se débrouillera pour produire plus de protéines végétales. A terme on ne produira plus que les animaux que nous pourrons nourrir avec nos végétaux européens, céréales et protéines. Nous ne sommes qu’au début d’un bouleversement qui va prendre vingt ou trente ans, mais nous n’avons pas pris la mesure de l’urgence.

Que retenir des scandales alimentaires ?

La presse a beaucoup relayé les deux scandales de la viande de cheval parce que c’est du cheval, et on n’en mange plus, il n’a plus la même symbolique qu’autrefois, ce n’est plus la viande de l’homme viril, c’est devenu un animal de compagnie, donc tabou. La police a fait des contrôles parce qu’elle prend cela très au sérieux. Il y a encore dix ans, il n’y avait pas de tests génétiques, et personne ne s’apercevait de rien. Ce que l’on a vu cette année, c’est que la police alimentaire est indispensable, quand on n’est plus à l’échelle du boucher du coin mais à l’échelle des échanges internationaux. Je pense que l’on risque d’avoir plus de scandales alimentaires, simplement parce que la police fera mieux son travail.

Notre mode d’alimentation est-il en train de changer ? 

Une chose est certaine, on ne mangera pas pareil dans vingt ans, de même que nous mangeons très différemment d’il y a cinquante ans.  Nous mangerons moins de viande et peut-être plus de poisson. Mais là aussi on s’achemine vers de l’élevage. Au fond, les pêcheurs ont juste trois mille ans de retard sur les agriculteurs. Il est certain qu’à terme, le poisson sera du poisson d’élevage, quand tous les fonds maritimes auront été raclés.

2013 est une année symbolique : on a produit dans le monde plus de tonnes de poisson d’élevage que de tonnes de viande de bœuf. C’est un tournant considérable ! Et sur ces 67 millions de tonnes de poisson d’élevage, 38 étaient en Chine. Dans vingt ans, en Bretagne, il y aura certainement moins de pêcheurs, mais plus d’éleveurs de poissons.

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Ferme de poissons en Chine

Il y aura aussi des élevages de vers de farine et de sauterelles. On va les transformer en poudre, ce sera de la farine de sauterelle qui sera utilisée par exemple dans les barres chocolatées pour enfants !

L’année 2013 semble avoir été marquée par l’émergence du mot agroécologie, cher au ministre Stéphane Le Foll. S’agit-il d’un tournant majeur ?

Qu’on l’appelle agroécologie ou agriculture écologiquement intensive (AEI), ou performante (AEP), derrière la bataille des mots, il y a une tendance de fond. Je pense que la révolution est absolument nécessaire, et on en est au commencement. L’AEI demande autant d’efforts aux intensifs qu’aux bios.

Il y a au moins quatre grands principes fondamentaux. Le premier consiste à utiliser nos champs 365 jours par an, pour fixer le carbone. On s’achemine vers la fin du labour. Ensuite, il s’agit de mélanger les plantes qui s’aident à pousser dans les champs. Il faut aussi remettre des arbres partout. C’est l’agroforesterie. Enfin, l’agriculteur doit s’aider des auxiliaires et même devenir éleveur de vers de terre, de mésanges et de chauve-souris !

Je pense que 2013 n’est pas l’apparition de toutes ces évolutions, mais c’est l’année où ces concepts ont su faire du chemin dans les têtes. C’est très important.

Propos recueillis par Antoine Humeau

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Sur la 5, émission C dans l’air On achève bien les chevaux

J’ai été dans l’émission C dans l’air sur la 5e chaine de télé mardi 17 décembre :

http://w1p.fr/149685

Le thème : Le nouveau scandale alimentaire de chevaux impropres à la consommation qu’une bande bien organisée a recyclé dans les boucheries.

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La Bretagne va devoir faire face à d’énormes mutations pour relancer son économie

Article paru dans « ECONOMIE-MATIN » : http://w1p.fr/14440

La Bretagne agricole et agroalimentaire semble avoir du mal en ce moment à s’adapter aux contraintes du XXIe siècle. Il faudra bien pourtant qu’elle le fasse, tout comme elle l’a fait pour plonger dans le XXe siècle de façon impressionnante quand elle est passée du sous-développement à l’industrialisation efficace et solidaire en l’espace de quelques dizaines d’années. Une nouvelle mutation s’impose et nul ne doute qu’elle trouvera les ressources en elle pour l’entreprendre, surtout si les pouvoirs publics l’y aident… tentons de mieux voir les évolutions auxquelles elle doit faire face.

Carte du monde Chine 2

Aux yeux d’un chinois, la Bretagne, c’est au bout du bout du monde…

La fin de l’augmentation de la consommation de viande et de lait.

Nous (les français) mangeons 85 kilos de viande et 90 kilos de lait par an. Deux fois plus que dans les années 50, trois fois plus que dans les années 30. Dans une vie entière, chacun mange 7 bœufs, 33 cochons, 9 chèvres, 1300 volailles, 60 lapins, 20 000 œufs et 32 000 litres de lait… Cette évolution considérable de nos habitudes alimentaires a touché son point d’inflexion. Les courbes ont commencé à s’inverser. D’une part parce qu’on soigne davantage sa santé, et que ces excès nous ont mené à l’artériosclérose, au diabète, à l’obésité, à diverses allergies et intolérances, etc. D’autre part parce qu’on commence à prendre conscience de l’immense gâchis de ressources naturelles que cela représente (un végétarien consomme 200 kilos de céréales, un carnivore toutes les céréales qu’il mange en direct, plus toutes celles qu’a mangé le cochon et le poulet qu’il mange, au total près de 800 kilos !). Et enfin car, une fois repus, on est plus sensibles à de nouvelles valeurs, comme le bien-être animal, et aux alertes sanitaires, qui sont plus fréquentes sur ces produits que sur les « simples végétaux ». N’ayant plus peur de manquer, on se joue la peur de se faire empoisonner !

Est-ce à dire que l’élevage français est condamné ? Non bien sûr, mais il devra aller vers moins de quantité et davantage de qualité, tout comme la viticulture qui en 50 ans a affronté une baisse considérable de notre consommation de vins (de 140 litres par personnes et par an dans les années 50 à seulement 40 aujourd’hui). On boit moins, mais « que du bon, que du cher ». Les mutations ont été très douloureuses, surtout là où on faisait du vin courant, comme dans le Languedoc. Maintenant c’est fait, même à Carcassonne on ne fait que du bon vin. Là c’est pareil, les Cotes d’Armor d’aujourd’hui, c’est comme l’Aude d’hier : ceux qui faisaient du poulet ou du cochon « de base » bon marché devront passer au label (toutes sortes de labels, en fonctions des modes et de nos envies changeantes). Et c’est donc « logique » que ce soit la région qui produisait les plus grandes quantités de produits basiques qui souffre en premier.

La fin de la transformation des produits des autres.

Importer du maïs du Brésil et du soja d’Argentine pour fabriquer du poulet de base congelé à destination de l’Arabie saoudite, avec des subventions européennes, ne pouvait durer autant que les contributions ! Tôt ou tard les brésiliens se réveillent et s’industrialisent pour transformer eux-mêmes leurs matières premières, avec des niveaux salariaux plus faibles, et tôt ou tard l’Europe se lasse de subventionner la différence de masse salariale et les coûts de transport. Songeons par exemple que le soja que mangent les animaux européens recouvre près de 20 millions d’hectares en Amérique Latine principalement. L’équivalent de la superficie agricole de la France ! Ne nous faisons pas d’illusion, il a dorénavant vocation à aller prioritairement en Chine.

A terme, c’est à dire en fait assez rapidement, on n’élèvera en Europe que les animaux qu’on pourra nourrir avec les végétaux européens (céréales comme protéines). Cela semble simple à dire, mais représente un immense défi. Et la Bretagne, qui, avec les deux régions voisines, produit près de 60 % des animaux français, va de ce fait devoir effectuer d’énormes mutations…

La fin de l’acceptabilité sociale de l’élevage breton

Au siècle dernier, on considérait sur place que l’élevage breton créait des emplois et des richesses, et garantissait la France contre les risques de pénuries ; il avait la cote ! Aujourd’hui on considère qu’il produit d’abord des nuisances (odeurs, pollution des eaux, algues, cancers, etc.) et ses aliments sont de plus en plus souvent suspectés. Du coup son « acceptabilité sociale » est en chute libre, ce qui rend très difficile sa modernisation. Il est maintenant pratiquement impossible d’obtenir un permis de construire une porcherie, un poulailler ou un abattoir, voire même une unité de méthanisation ! Conséquence logique : les investissements faiblissent, et les installations deviennent obsolètes et moins compétitives.

Ce n’est pas le cas en Allemagne par exemple : les porcheries se sont modernisées, la méthanisation est devenue la règle (et elle amène de nouvelles sources de revenus pour les éleveurs). On produit donc moins de porcs en Bretagne et davantage en Allemagne ! On se trouve en surcapacité sur les abattoirs, et il devient inéluctable d’en fermer un !

Mais, rappelons-nous, l’Europe, c’était au départ un pacte entre l’agriculture française et l’industrie allemande, la première nourrissant les ouvriers de la seconde, qui à son tour lui fournissait Volkswagen et téléviseurs. Comment en est-on arrivé au point que les allemands nous fournissent aussi des porcs ? Enfin pas des porcs, des cuisses de porcs ; nous mangeons beaucoup de jambon et peu de saucisses, et aurions besoin d’élever des porcs à trois pattes arrière, eux, c’est l’inverse, et… ils sont bons en commerce, et ils ont continué à investir !

Donc il y a encore un énorme chemin culturel à faire chez nous pour refonder une nouvelle alliance entre les éleveurs (et agriculteurs) et leurs voisins (et les consommateurs) ! Au nom de l’emploi, de la souveraineté alimentaire, et de la sauvegarde de notre bout de planète…

La fin de la construction de l’Europe

En matière alimentaire, on a tenté de mettre en musique un triple objectif géopolitique en Europe.

D’une part, pour compenser nos niveaux de salaires peu compétitifs à l’échelle mondiale, on a tenté d’aligner les prix alimentaires sur le « moins disant mondial ». Ceci a permis de diminuer considérablement le poids de la nourriture dans nos budgets familiaux : alors qu’elle représentait encore le quart de nos salaires dans les années 60, elle ne représente plus que 12 à 15 % aujourd’hui. Songeons qu’alors on dépensait deux fois plus pour se nourrir que pour manger, aujourd’hui deux fois moins ! On va bientôt dépenser plus pour ses loisirs (vacances, téléphone, télévision, sorties) que pour manger !

Dans le même temps, on est devenu verts ! Mais comme on ne pouvait pas imposer au monde entier nos normes environnementales, on s’est contenté de les imposer en Europe. Donc pour les prix, c’est la planète, et pour les normes, c’est l’Europe, ce n’est déjà pas facile ! Mais pour ce faire, on a payé, cela s’appelle à tort « Politique européenne commune » qu’on aurait dû nommer « Politique industrielle et environnementale commune ». Grâce à la PAC les agriculteurs livrent à la coopérative leurs céréales en dessous du prix de production, et le pain n’est pas cher, ce qui permet aux patrons de ne pas trop augmenter le smic. La PAC, c’est finalement des subventions à Renault, c’est bien grâce à elle qu’on a encore quelques usines ! Et, progressivement, grâce à cette même PAC, on s’achète un environnement plus vivable. Dont acte, même si certains trouvent que ça ne va pas du tout assez vite.

Mais, en matière de salaire, ce n’est plus la planète la référence, ni l’Europe, ça reste le « chacun pour soi ». En l’absence de politique sociale européenne, la concurrence intra-communautaire est totalement biaisée. C’est ainsi que dans les abattoirs, industrie de main d’œuvre, on paye au SMIC français en Bretagne, alors qu’en Allemagne (où il n’y a pas de SMIC), on emploie des Ukrainiens et Bulgares payés aux salaires de l’Ukraine, et en Espagne des marocains payés aux salaires marocains. Sans compter des différences énormes de charges sociales. Il devient donc plus rentable d’envoyer nos cochons vivants se faire occire et découper en Allemagne ! Si on décrète ainsi la fin de la construction de l’Europe, il ne faut pas se plaindre si on récolte des crises sociales, et un retour du protectionnisme…

Du bout de l’Europe au bout du monde

La Bretagne est une presqu’île au bout de l’Europe, elle est donc particulièrement sensible aux coûts de transport, comme on a pu le voir lors de l’épisode de l’écotaxe poids lourd. Déjà dans les années de Gaulle, d’importantes manifestations avaient conduit le gouvernement à y construire un réseau de routes à 4 voies gratuites, ou le port de Roscoff, qui ont été décisifs pour son développement économique. Et puis… on s’est arrêté ! Brest est encore à 4 h 30 de train de Paris quand Strasbourg n’est qu’à 2 h 30 ou Marseille à 3 h 20 (il n’y a que Toulouse et Nice qui soient pires)… Et surtout, où sont les lignes de chemin de fer efficientes pour le transport de marchandises dans une région dépourvue de transports fluviaux ?

Mais, si on veut bien regarder une carte, la situation s’empire considérablement. Au XXIe siècle, Brest n’est pas « seulement » au bout de l’Europe, il est carrément au bout du bout du monde ! Nous raisonnons encore comme si l’Atlantique qui était au milieu du monde, alors que maintenant c’est la Pacifique. L’Australie et le Chili sont dorénavant plus proches du « monde qui compte » que la Bretagne ! D’autant plus que bientôt, pour aller de Rotterdam à Shanghai, les cargos vont passer au nord de la Russie ! En soi ce n’est pas un inconvénient majeur tant que le coût du transport maritime reste très faible, mais c’est un inconvénient dans la tête tant qu’on n’a pas intégré ce handicap, doublé par le fait que les salaires français sont très élevés !

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Bien manger, bien produire, être juste

« Bien manger, bien produire, être juste« , c’est le slogan des premiers « Rendez-vous européens de l’éthique alimentaire » auxquels j’ai participé à Strasbourg le 11 octobre 2013.

Ils souhaitent par la suite fonder à Strasbourg un Institut européen d’éthique alimentaire, pour réfléchir à l’éthique de tous les acteurs de la filière alimentaire : producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs, politiques, médias, etc.  Il y a du pain sur la planche !

J’y ai, entre autres, fait la connaissance du mouvement des « Incroyables comestibles » qui installe des jardins potagers communautaires dans des endroits oubliés en ville (friches, parkings, etc.), suivant le principe : on sème et on arrose ensemble, et ceux qui en ont besoin mangent : « On ne demande pas l’autorisation. On cultive et on dit aux gens de se servir gratuitement », disent-ils, et ça marche ! On ne va pas révolutionner l’alimentation mondiale avec ça, mais pour faire réfléchir les gens sur l’éthique de la nourriture, c’est super !

Incroyables comestibles

Les Incroyables comestibles sont déjà présents dans toutes les régions françaises, une quinzaine de pays européens, aux USA, Canada, Japon, etc.

 

 

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Tout peut changer sur le gâchis alimentaire

 Lundi 7 octobre à 20 h 45 sur la 3, l’émission télévisée sur le gâchis alimentaire, a été très bien faite, et a connu un vrai succès, avec 2 millions de téléspectateurs. C’était la première édition d’une nouvelle émission mensuelle citoyenne qui s’appelle « TOUT PEUT CHANGER ».

Je participe à la première table ronde après le premier reportage, excellent à mon avis. https://www.facebook.com/TPCF3

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Confiance dans l’avenir

J’ai participé au « Forum des nouveaux mondes » organisé par les 5 écoles de commerce regroupées au sein de « France Business school », puis à un séminaire « Passeur d’espérance » du mouvement de retraités « Poursuivre ». Des deux côtés, une même urgence et une même volonté de lutter contre la sinistrose ambiante. Redonnons-nous quelques raisons d’espérer, ça peut toujours servir !

Première question qu’on m’a posée dans l’école de commerce : « est-ce que le monde est plus complexe, et comment faire pour le maîtriser ? ». De façon un peu provocatrice, j’ai répondu : complexe, pour qui ? Pour nous les européens, qui auparavant commandions au Monde et le façonnions comme nous le souhaitions (en se disputant le droit de le faire), c’est sûr que c’est plus complexe de s’intégrer dans un monde dominé par la Chine ! Ça donne peur de l’avenir, peur d’y perdre et anxieux de savoir comment surnager dans cette nouvelle donne qui nous est imposée. Mais, pour les chinois, les brésiliens, les coréens du sud, les vietnamiens, les sud-africains, et bien d’autres, le monde d’aujourd’hui est bien plus simple que l’ancien, et plein d’espoir et de promesses ! Même si tout n’est pas parfait, loin de là, et qu’évidemment c’est un peu plus complexe de se partager la planète à 7 milliards d’à 2… et que de nombreuses menaces subsistent, comme celle du réchauffement climatique, dont on vient de nous rappeler l’urgence et l’ampleur.

Examens université Chine

La France des années 60 construisait un collège par jour ; la Chine construit actuellement une université de 20 000 étudiants tous les 3 jours…

En effet, comme nous l’a dit aussi Virginie Raisson, directrice du laboratoire de prospective LEPAC, sachons aussi regarder le monde avec d’autres lunettes ! Par exemple :

L’espérance de vie mondiale est passée de 65 à 70 ans entre 1990 et 2012. On a gagné 6,1 ans de vie en Asie, 6,5 ans en Afrique, 5 ans en Océanie, et même 3,5 ans en Europe, où on vivait déjà très vieux. En France, l’espérance de vie après 60 ans a progressé de 10 ans depuis la loi sur la retraite à 60 ans !

En 2012, il n’y a eu « que » 7 pays dans le monde où les conflits, internes ou externes, ont fait plus de 1000 morts : Afghanistan, Egypte, Irak, Mexique, Pakistan, Soudan et Syrie. C’est évidemment 7 de trop, mis c’est beaucoup moins des 13 à 20 pays qui avaient le même malheur à la fin du siècle précédent. La démocratie et la raison font des progrès sur tous les continents. En Europe, l’union est toujours difficile, les doutes et les énervements sont nombreux, mais, quand même, bientôt 70 ans sans guerre entre la France et l’Allemagne, c’est quand même pas si mal non ?

Il y a déjà 33 % de la population mondiale connectée à Internet, contre 9 % il y a 10 ans. Bientôt ce sera plus de la moitié de la population mondiale ! Il n’y a certes qu’un milliard d’abonnés au téléphone fixe, mais déjà 6 milliards au téléphone portable ! Autant d’occasion de sortir de son isolement, d’accéder à des informations, de se former, de dénoncer les injustices.

Il y avait 100 millions d’étudiants du supérieur dans le monde en 2000, on en attend plus de 200 millions en 2016 (dont la moitié en Asie !). Deux fois plus de diplômés, ça pourrait bien ne pas être si mal pour s’affronter ensemble aux problèmes de notre époque !

En agriculture, on arrive à nourrir plus de 5 milliards de gens de plus qu’il y a un siècle, sur les mêmes champs, et avec une nourriture nettement meilleure et plus diversifiée. Terminons le job : il y a malheureusement le même nombre d’affamés qu’en l’an 1900, toujours 870 millions, mais ça devrait être possible si on le veut vraiment non ? Y compris en sauvegardant les ressources de la planète.

Donc halte à la sinistrose ! Le pire n’arrive pas toujours, et au lieu de nous lamenter et de nous plaindre, construisons ensemble un avenir qui nous convient (jeunes et vieux, chinois et français) ! Luttons donc résolument contre les simplismes, les extrémismes, les racismes, les peurs de l’autre et les fabriques de boucs émissaires qu’engendre l’insécurité née de ces changements accélérés. ça vaut encore la peine de promouvoir activement et sans relâche le beau, le bon, le juste et le vrai, comme le recommandait déjà Platon !

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La mésange, plus forte que le pesticide

J’ai participé le 18 septembre à un colloque organisé par l’association « Demain la terre » au Sénat sur le thème des pratiques écologiques en agriculture. Cette association regroupe 8 producteurs de fruits et légumes qui se sont rapprochés pour s’entrainer et s’entraider au développement durable, sous toutes ses dimensions : diminuer les intrants phytosanitaires, les consommations d’énergie et les productions de déchets, préserver l’eau et la fertilité des sols, favoriser la biodiversité, mais aussi favoriser les relations économiques durables et mettre en œuvre des politiques sociales. Une raison de plus de croire à l’avenir de l’agriculture et des agriculteurs et à leurs capacités à inventer un avenir à la hauteur des enjeux.

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700 nichoirs à mésanges pour détroner les firmes phyto, créer des emplois et ravir le consommateur

Parmi les innovations présentées, j’en retiens une, aussi symbolique que… bucolique : le Verger de la Blottière, dans le Maine et Loire, a installé, outre le goutte à goutte qui a fait diminuer sa consommation d’eau de moitié, 700 nids de mésanges. Ces charmantes petites bêtes doivent nourrir leurs nichées juste au moment où arrivent les larves de la redoutable carpocapse, un papillon parasite de la pomme, et s’en régalent (à raison de 800 sorties par jour !). Résultat : plus d’insecticide et des pommes parfaitement saines ! Un magnifique sans faute qui montre à quel point l’agriculteur du futur doit devenir un véritable éleveur, et protéger quotidiennement ses troupeaux d’auxiliaires, ici mésanges, mais aussi naturellement vers de terre, abeilles, chouettes, hirondelles, chauve-souris, coccinelles, carabes, etc. Pas si facile, mais si enthousiasmant et si porteur d’avenir !

Citons aussi, parmi d’autres Les fruits rouges de l’Aisne qui cultivent le champignon trichoderma harzanium qui protège les plantes des autres champignons pathogènes, Vendéa qui désinfecte ses sols entre deux productions de mâche par simple solarisation, ou Champey qui utilise la confusion sexuelle pour limiter la reproduction des insectes prédateurs.

Ces huit producteurs ont passé un accord emblématique avec l’Union Nationale des Apiculteurs de France pour accorder leurs calendriers et leurs pratiques, comme l’installation de jachères fleuries et d’amandiers…

A la fin, on a des producteurs heureux de relever le défi de la préservation de leur coin de planète, tout en vivant de leur métier, qui créent des emplois et les fidélisent… et toute une assemblée de responsables de la Grande distribution très attentifs à ces pratiques émergentes. Sans compter un ancien premier ministre de droite (Jean-Pierre Raffarin) et un ministre de l’agriculture de gauche (Staphane Le Foll) !

Une organisation de plus donc ! Qui pose elle aussi une question de fond : cette « nouvelle agriculture », écologique et productive, écologiquement intensive, qu’il est indispensable d’implanter au plus vite, quelles organisations vont la « porter » : les « organisations historiques » de la révolution agricole d’après-guerre, menées par la trilogie syndicats, chambres et coopératives, si elles savent faire une énorme mutation en quelques années, avec tous les problèmes que ça leur posera, ou bien ces nouvelles organisations qui commencent à fleurir, centrées sur ces nouvelles problématiques ? Un peu comme dans l’informatique et Internet où ce sont quelques étudiants géniaux et entreprenants qui ont depuis leur garage inventé les Apple, Microsoft, Google, Twitter ou Facebook et ont détrôné IBM et BULL, simplement en les ringardisant. On prend les paris !

Association Demain la Terre

Un film qui présente les actions de Demain la Terre

 

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Le parlement indien ratifie le plus grand programme alimentaire du monde

Actualisation de l’article publié ici même en juillet dernier

L’Inde est le pays de la faim dans le monde ; elle regroupe à elle toute seule le tiers des humains sous-alimentés, 217 millions selon la FAO, autant qu’il y a 40 ans. Voilà un pays dit « émergent », mais où 42 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique, et où, dans les régions les plus pauvres, 59 % des enfants souffrent de retards de croissance. Des taux supérieurs à ceux du Niger ou du Mali.

Un programme alimentaire géant pour nourrir 800 millions de personnes

Une nouvelle considérable vient d’être confirmée le 27 août : le « National food security bill » adopté par le gouvernement indien en juillet 2013 a finalement été ratifié par le parlement indien, après un vibrant discours de Sonia Gandhi (pourtant malade, elle a dû être brièvement hospitalisée après…). Il prévoit de mettre en place le plus grand programme de ce type jamais entrepris dans le monde : près de 800 millions de personnes, soit 67 % de la population, pourront acheter de 3 à 7 kg de céréales (riz et farines) par personne et par mois au tarif de quelques centimes d’euros. La quantité de céréales subventionnées variera selon les niveaux de revenus de chacun. Ces projets s’accompagnent d’aide financière aux femmes enceintes et allaitantes et de rations alimentaires adaptées aux jeunes enfants.

Sonia gandhi aout 2013

« Il est temps pour l’Inde de franchir ce pas historique »

 a dit Sonia Gandhi avant d’être hospitalisée quelques heures

L’Inde va devoir augmenter ses dépenses d’un tiers chaque année

« En choisissant la procédure législative, l’Inde fait une avancée très importante en faveur de la notion de droit à l’alimentation », note Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation. Il convient là aussi de rester prudent sur un programme qui devrait amener à augmenter d’un tiers les dépenses, coûter 15 milliards d’euros annuels en période de ralentissement de la croissance économique mondiale, et dans un pays très bureaucratique et très corrompu. Surtout que la mise sur le marché de telles quantités de céréales à bas prix risque par ricochet de faire baisser les revenus des paysans, pourtant les premiers touchés par la faim…

On peut aussi espérer qu’à terme le millet, plante plus adaptée à la sécheresse, sera également touchée par ce programme, et pas seulement le riz et le blé, plantes trop gourmandes en eau dans un pays où seulement 30 % des terres sont irriguées, et où les effets délétères du réchauffement climatique sont à leur maximum.

Un espoir pour toute l’humanité

Il reste que c’est nouveau que de grands pays émergents admettent qu’il est légitime de lutter contre la faim, et donc d’être jugés sur leur capacité à obtenir des résultats dans ce domaine. Or les résultats sont possibles, comme on l’a vu dans le Brésil du président Lula, le premier pays à avoir expérimenté le programme « faim zéro ». Ce programme a permis à 20 millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté (ils sont passés de 28 à 10 % de la population), réduit la malnutrition infantile de 61 %, la mortalité infantile de 45 % et la pauvreté rurale de 15%, en favorisant l’agriculture locale et la consommation de produits locaux. Le Brésil est devenu une référence internationale en matière de sécurité alimentaire.

On peut évidemment citer également la Chine, où le nombre de sous alimentés est passé de 387 à 140 millions dans les 40 dernières années, alors que sa population totale augmentait de plus de 500 millions de personnes dans le même temps.

Mais c’est d’autant plus important de réussir cette politique en Inde que ce pays n’arrive pas à juguler sa croissance démographique ; il nait actuellement 28 millions d’indiens par an (contre « seulement » 16 millions de chinois, et en 2050 ce pays sera le plus peuplé du monde, avec probablement 1,7 milliard d’habitants…

D’autres pays d’Amérique Latine se sont lancés dans une voie proche de celle de Faim Zéro, en particulier Mexique, Pérou et Nicaragua. A quand l’Afrique, où le nombre de sous-alimentés a été multiplié par 3 à 5 en 30 ans dans des pays comme la République démocratique du Congo, le Kenya ou Madagascar ?

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